Par Steve Planchin

Introduction
Les gladiateurs (du latin: gladiatores signifiant « combattant Ă  l’Ă©pĂ©e », ou « épĂ©iste ») Ă©taient des combattants professionnels, esclaves ou non (esclaves affranchis pour leurs exploits ou engagĂ©s volontaires, en quĂŞte d’une vie meilleure grâce Ă  des victoires bien rĂ©munĂ©rĂ©es) qui se battaient entre eux ou parfois contre des fauves (dans les bestiarii et les venatio). A l’origine ils combattaient pour honorer la mĂ©moire d’un mort, puis de plus en plus pour le divertissement du public.

Les combattants Ă©taient entraĂ®nĂ©s dans des casernes (ou ludi), qui essentiellement prĂ©sentes en Etrurie, Ă  Capoue et Ă  Rome aux origines de la gladiature, s’Ă©tendront dans tout l’empire quelques siècles plus tard. Ces ludi pouvaient ĂŞtre privĂ©s ou appartenir personnellement Ă  l’empereur comme les quatre grandes Ă©coles de Rome. Leur structure est simple : des chambres d’habitation, et des cellules de service autour d’une aire d’entrainement, le tout Ă©tant dirigĂ© par le laniste (lanista), qui sĂ©lectionnait les gladiateurs puis les entretenait avec une nourriture simple et riche (essentiellement Ă  base de gruau), des soins mĂ©dicaux, des esclaves et avec l’autorisation d’avoir une famille Ă  la caserne.

Suivant le rythme des combats, les gladiateurs voyageaient frĂ©quemment d’un bout Ă  l’autre de l’Empire. Cette mobilitĂ© variait suivant les contrats nĂ©gociĂ©s entre les munĂ©raires (organisateur d’un combat) et les lanistes. PompĂ©i attirait des gladiateurs venus de toute la Campanie et de Capoue notamment. Ce nomadisme affectait bien entendu le personnel du ludus dans son ensemble. Les mouvements se faisaient aussi bien de l’Occident vers l’Orient que dans le sens inverse. Beaucoup de gladiateurs grecs ou orientaux furent ainsi engagĂ©s dans les munera (= combat de gladiateur) occidentaux. Des troupes de combattants de l’arène suivaient aussi les empereurs en dĂ©placement : Caligula, en visite Ă  Lyon, donna un munus avec ses propres hommes.

 

I – Histoire de la gladiature
II – Les armaturae
III – Des sources à la reconstitution

 

Conclusion :

A condition de mettre de cĂ´tĂ© nos a priori moraux , il est possible de discerner un pratique sportive et spectaculaire. Nous sommes très loin du combat sans norme, vouĂ© Ă  des dieux sanguinaires ou Ă  des spectateurs barbares comme le veux l’image vĂ©hiculĂ©e par la croyance populaire. Ce « sport-combat » est au centre d’enjeux Ă©conomiques et sociaux, politiques et militaires, culturels et artistiques que nous avons Ă  peine effleurer dans les lignes prĂ©cĂ©dentes.
Il est nĂ©cessaire de ne pas aborder les gladiateurs par une seule approche, mais au contraire de croiser les sources et les mĂ©thodes. Ceci, couplĂ© Ă  une reconstitution des tenues, puis Ă  leur utilisation dans le cadre de l’archĂ©ologie expĂ©rimentale, nous permet de valider ou invalider diverses hypothèses. On peut ainsi cerner les techniques de combat adaptĂ©es Ă  chaque panoplie, mieux apprĂ©hender l’entraĂ®nement nĂ©cessaire Ă  ces grands sportifs et donc accepter le rĂ©gime alimentaire ordonnĂ© par les doctores.
Pour comprendre l’engoĂ»ement que pouvait avoir le public pour la gladiature, il serait intĂ©ressant de sortir du cadre historique et de prendre quelques exemples du monde rĂ©el. Ne retrouvons-nous pas dans le catch, le spectacle et la violence recherchĂ©s autrefois dans l’arène? Au niveau du football ou du rugby, les supporters d’un club sont similaires aux supporters des parmati ou des scutati ou encore d’un gladiateur cĂ©lèbre. Quant Ă  la mise Ă  mort, l’homme d’aujourd’hui apprĂ©cierait-il de voir son Ă©quipe favorite mise Ă  mort car elle a perdu un match ? Probablement pas, on prĂ©fĂ©rerait les voir revenir sur le stade afin de rattraper leur dĂ©faite dans un nouveau dĂ©fi.
Cependant, pour des changements Ă©conomiques et mĂŞme sociaux, après trois siècles d’apogĂ©e, la gladiature a pris un tournant dĂ©cisif. En appauvrissant sa technique, puis simplifiant les panoplies dans le seul intĂ©rĂŞt de la violence, le phĂ©nomène gladiatorien a pris fin au seuil du V° siècle.

 

 

Bibliographie

– Eric Teyssier, La mort en face. Le dossier gladiateurs, Actes Sud, 2009

– Eric Teyssier et B. Lopez, Gladiateurs. Des sources Ă  l’expĂ©rimentation, Errances, 2006

– Guide archĂ©ologique du MalgrĂ©-tout, Des jeux du stades aux jeux du cirque. Editions du Cedarc 2010

– Histoire Antique & MĂ©diĂ©vale Hors SĂ©rie N°23, Avril 2010

– Histoire Antique & MĂ©diĂ©vale Hors SĂ©rie N°26, Avril 2011